PROJETS VERTS. Sur l'île de Nantes, dans le quartier de la création, un bâtiment étonne et détonne par sa singularité. En forme de goutte d'eau, cet immeuble de bureaux se distingue par l'utilisation d'un seul matériau : le bois.

Son nom est "Bâtiment B", B comme bois, bioclimatique et basse consommation d'énergie. Pas de doute, le nouvel immeuble de bureaux de l'île de Nantes affiche sans complexe ses ambitions.

A l'initiative de ce projet, Atlanbois, association pour la promotion du bois en région Pays de la Loire, qui a pour objectif de montrer les potentialités du matériau : "L'idée était de créer un bâtiment lisible et d'exposer visiblement l'essence du bois", raconte l'architecte Philippe Barré, de l'agence Barré-Lambot, en charge du programme. Et d'ajouter : "Au final, la réalisation est une véritable vitrine pour les scieurs, les architectes, les entreprises du secteur, etc". Car effectivement, ici, tout est en bois (95%) : structure et ossature en lamellé collé de douglas avec fourrure en chêne, plafonds, charpente, ventelles extérieures, aménagements intérieurs (parquet, mobilier…) sans oublier une chaufferie à granulés bois. Et bien sûr, les différentes pièces proviennent presque toutes de la région et ont été sciées, séchées, aboutées et transformées par des sociétés locales.

Optimisation du terrain
Si le bois participe pleinement à l'identité de l'édifice, ce dernier se différencie également par son volume. Ainsi, l'opération exploite au maximum le terrain en épousant les formes de la parcelle triangulaire, créant un immeuble semblable à une goutte d'eau. Si l'architecte avoue s'être aussi inspiré des feuilles des arbres ou encore d'une église du Suisse Peter Zumthor, c'est néanmoins l'optimisation du terrain et la volonté d'émerger du paysage urbain qui ont guidé l'ensemble. Un ensemble de 1.562 m2 qui abrite au rez-de-chaussée un lieu d’expositions et de conférences, un centre d’informations sur le matériau bois et ouvert au public, un entrepôt partiel et trois niveaux de bureaux (ceux d’Atlanbois, du syndicat du meuble –Unifa‐ et l’Office national des forêts du Pays de la Loire). Ces derniers s'unissent autour d'un élément central : l'atrium qui sert non seulement à offrir de la lumière et regrouper les étages, mais aussi à réguler la température. Car, ici, point de climatisation : "L'entrée d'air s'effectue en façades par les fenêtres et transite par l'atrium qui dispose d'une toiture rétractable", souligne Philippe Barré.

Un bâtiment laboratoire
En effet, le projet a choisi de valoriser l'audace et l'innovation : "Si nous ne sommes pas labellisés, l'opération entre dans une démarche expérimentale raisonnée que cela soit dans son mode constructif ou encore sa performance énergétique…", analyse Philippe Barré. Avant de compléter : "Nous ne voulions pas appliquer les recettes des certifications mais bel et bien tester des systèmes". Et pour cela, la structure est constituée de nombreux équipements : ventilation naturelle via l'atrium, une gestion technique centralisée, un plancher collaborant bois béton pour une bonne performance acoustique et une optimisation des matériaux, isolation en laine de chanvre et ouate de cellulose… Actuellement, des mesures sont réalisées afin de proposer un retour d'expérience. Et des bonnes surprises sont déjà apparues : cet été, la ventilation adiabatique pour le refroidissement de la salle de conférences n'a pas été déclenchée. A terme, la consommation devrait atteindre 38 kWh/m2/an. Un chiffre qui devrait faire la fierté des acteurs de la filière bois pour qui ce bâtiment ne devrait pas rester une simple goutte dans l'océan.